Comment réussir à coucher son enfant plus tôt à la rentrée?
Dr ERIC SPORTICH. Cela doit se faire progressivement, chaque jour on avance l’heure du coucher et aussi celle du réveil. Cela prend 8 à 10 jours. Il faut aussi reprendre les rituels du soir durant 15 à 20 minutes: lecture avec un parent, un temps calme pour lui dans son lit. Et surtout pas d’écran une heure avant le coucher.
Justement, une bonne nuit de sommeil, c’est combien d’heures ?
Pour les nourrissons, c’est 17 heures. A partir de 2-3 ans, 12 heures par nuit, puis environ 10 heures à partir de 6 ans et 9 heures pour les ados à partir de 12 ans.
Est-ce normal s’il est très fatigué le premier mois?
Oui c’est normal car durant deux mois les enfants se sont décalés au niveau des phases de restructuration du sommeil. Un cycle de sommeil c’est plusieurs phases : endormissement, sommeil léger, puis sommeil profond et sommeil paradoxal. Chaque nuit, l’enfant enchaine ainsi 3 à 5 cycles.
S’il s’endort à 22 heures au lieu de 20 heures, cela bouleverse son équilibre. Leur fatigue de la rentrée est non seulement liée au changement de rythme mais aussi à cette perte de qualité du sommeil.
Il ne faut pas louper le train du sommeil et coucher l’enfant dès qu’on aperçoit les signes annonciateurs : quand il se frotte les yeux, les oreilles ou dit qu’il a froid. Enfin, n’oublions pas, l’heure du coucher pour les plus petits c’est 19h30/20 heures. A partir de 8 ans, c’est 21 heures et 22 heures maxi pour les ados.
Tout doit être rentré dans l’ordre début octobre.
Côté « écrans », quelles sont les bonnes pratiques?
Je ne suis pas pour interdire sauf pour les tout-petits (moins de 2 ans). A cet âge, c’est zéro écran.
Ensuite il faut se fixer une limite d’une heure par jour grand maximum, jamais le soir et dans une pièce commune. Les risques sont importants pour les enfants surexposés : difficulté de langage, troubles du sommeil, de la concentration, agressivité, obésité.
Si un enfant de 3 ans n’est pas tout à fait propre, peut-on le mettre quand-même à l’école ou bien faut-il attendre?
Oui il peut aller à l’école. Il faut le rassurer, lui expliquer que des personnes seront là pour l’accompagner aux toilettes et lui mettre des vêtements accessibles : évitez les boutons ! En général cela rentre dans l’ordre assez vite.
En revanche, en cas d’encoprésie (caca dans la culotte), il vaut mieux consulter un pédiatre ou un pédopsychiatre.
La famille a déménagé cet été, comment expliquer à l’enfant qu’il va changer d’école et de copains sans l’inquiéter?
Il faut lui expliquer suffisamment à l’avance (2- 3 mois avant le déménagement), afin qu’il s’habitue à la nouvelle, qu’il en parle à ses camarades. Si possible, c’est bien d’organiser une visite de la nouvelle école avant, cela va lever l’anxiété de l’inconnu.
C’est plus difficile à partir du CM1, CM2 : les enfants ont noué des liens sociaux importants. Il faut leur expliquer qu’ils pourront rester en contact avec leurs anciens amis. Mot d’ordre: réassurance et accompagnement bienveillant.
Comment accompagner au mieux les grands tournants de la scolarité : entrée à la grande école, au collège, au lycée?
C’est bien d’organiser des visites avant pour l’école et le collège et de les accompagner. Dans tous les cas, il faut valoriser l’enseignement qu’il va suivre. A l’école : Tu vas chez les grands. Au collège : Tu vas avoir pleins de professeurs, faire de l’anglais… Au lycée : Tu vas choisir ton orientation, ta section, ton futur métier…
L’entrée en 6e notamment est un cap important. Les enfants qui viennent me consulter ont « peur de ne pas trouver [leur] classe ». Il faut débriefer avec eux le plan des classes, l’organisation de l’emploi du temps.
Enfin, au niveau des activités extrascolaires (anglais, sport, musique…), doit-on fixer une limite par tranche d’âge?
Il ne faut pas surmultiplier les activités. Pour les moins de 6 ans, on peut leur proposer une initiation sportive et une activité culturelle (cirque, musique, théâtre).
Dès 5-6 ans, je préconise une heure de sport et une heure d’activité culturelle (une à deux heures par semaine). A partir de 7-8 ans on peut élargir le temps d’activités.
Ce qui compte c’est le bonheur de l’enfant. Une surcharge d’activités, c’est de la fatigue physique mais aussi cela eut conduire à des troubles dépressifs lorsque les parents mettent la pression pour des résultats sportifs par exemple.
Dans un autre registre, le parent doit aussi inciter l’enfant à ne pas renoncer à une activité. L’enfant doit s’engager à y aller jusqu’à la fin de l’année scolaire, cela lui donne une certaine rigueur.
On dit parfois qu’il faut laisser les enfants s’ennuyer.
Le monde est en hyperactivité, en permanence en exposition passive. On n’a plus de temps libre pour réfléchir, imaginer, se reposer. Ces moments-là aussi doivent exister.
Interview du docteur Sportich à retrouver sur Ma Tribu Marseille